Séance 2 : « Latinities (and Americanities) of Jazz. », Jason Borge, 18/11/2021.

Docteur en langues et littératures hispaniques, professeur en études littéraires et culturelles latino-américaines à l’Université du Texas à Austin, Jason Borge est notamment l’auteur de nombreux travaux (ouvrages, articles) tournant autour des dimensions intra-hémisphériques de la production culturelle latino-américaine et en particulier l’accueil critique et la réappropriation imaginative de la culture de masse américaine du début et du milieu de XXe siècle. En 2018, il a publié un ouvrage intitulé Tropical Riffs : Latin America and the Politics of Jazz, dans lequel il examine de quelle manière le discours culturel latino-américain créa le jazz en tant que pratique culturelle et emblème de la modernité transnationale. Son intervention du 18 novembre 2021 s’inscrivait dans cette même thématique et visait à étudier la diversité des représentations du jazz en Amérique Latine sur le temps long.

Ces différentes tendances sont effectivement liées à l’histoire de ces pays marqués par le colonialisme et l’influence américaine dont le Brésil, l’Argentine et Cuba font partie. Au croisement de plusieurs influences musicales, à partir des années 1930, le jazz va être tantôt célébré pour sa diversité, tantôt méprisé pour son lien avec les Etats-Unis et son “anti-nationalisme”. Ainsi, le jazz est d’abord considéré de façon positive pour ensuite représenter une menace. Par conséquent, au vu des nombreuses définitions qui lui sont associées, le “jazz” devrait être vu comme un terme “parapluie” (umbrella) englobant plusieurs représentations.
La recherche de Jason Borge s’articule autour de l’Amérique latine du début jusqu’au milieu du XXe siècle, les années suivantes correspondant à un déclin de l’intérêt pour ce genre musical. Dans un premier temps, le jazz était vu comme représentant les expériences de ses amateurs ; cependant il va progressivement être considéré avec hostilité dans certains pays comme le Brésil et l’Argentine. On y remarque que le jazz est associé à des normes raciales héritées d’Europe. Il est synonyme d’altérité, d’américanité et est lié à la population noire. En ce sens, la samba et le tango sont les genres musicaux que le Brésil et l’Argentine ont respectivement favorisés. Le Mexique ainsi que Cuba, pas autant hostile à l’influence nord-américaine associée à jazz, vont eux se révéler comme étant des berceaux de la musique jazz. C’est ainsi que l’on retrouve des influences afro-caribéennes et cubaines dans une des sous-catégories du jazz, le latin jazz. Par ailleurs, aux Etats-Unis, le quartier d’Harlem sera considéré comme l’endroit majeur de la diffusion du jazz.

L’intervention de Jason Borge montrait que le jazz représentait les évolutions des sociétés d’Amérique latine. Il semble donc être vecteur des liens culturels et économiques mais aussi des tensions géopolitiques entre l’Amérique latine et les Etats-Unis.