Séance 6 : « Against Acoustic Colonialism: Mapuche Interferences. » , Luis E. Cárcamo-Huechante, 24/03/2022.

Maître de conférences en espagnol à l’Université du Texas à Austin et membre fondateur de la Comunidad de Historia Mapuche, un collectif de chercheurs, la communication de Luis E. Cárcamos-Huechante s’est concentré dans une communication sur l’aspect acoustique du colonialisme et à la réponse à ce dernier par les peuples autochtones de la région, située dans le sud du Chili.

Sa recherche s’intéresse particulièrement au rôle du son dans les productions culturelles chiliennes et mapuches à la fois comme un site d’hégémonie raciale, patriarcale et coloniale, et comme un espace de résistance indigène. C’est ainsi que le film documentaire El Pelo de Berta (2014) réalisé par Esteban Larraín met en lumière la résistance du peuple mapuche face à la construction en cours d’un barrage hydraulique sur leurs terres chargées d’histoire entre les années 1990 et 2000. Ce chantier illustre le partenariat privé et public dans un Chili capitaliste et néo-libéral.

La dimension sonique du projet est un exemple de ce que Luis E. Carcamos-Huechente décrit comme le colonialisme acoustique. En comprenant le colonialisme notamment comme l’occupation forcée de territoires indigènes, le colonialisme acoustique consiste donc en un régime de pouvoir fondé sur des mécanismes environnementaux, sociaux et technologiques linguistiques répétitifs et envahissants. Ce dernier passe par exemple par le langage ou encore par la domination des médias qui représentent des outils technologiques qui aident à le façonner. Les nuisances sonores de la construction du barrage semblent imiter les tactiques de la colonisation. Tout au long de sa communication, Luis E. Carcamos-Huechante explique que ces productions culturelles sont diffusées avec l’intention d’engager l’auditoire dans un processus appelé allkütun par les Mapuches, c’est-à-dire une écoute attentive et active des sons et des problématiques qui leur sont liées. 

En somme, en plus de dénoncer l’aspect acoustique du colonialisme, la communication de Luis E. Carcamos-Huechante s’efforçait également de souligner la protestation du peuple mapuche pour faire reconnaître leur voix.